Dans la famille "Gentillesses", je demande "Le juste milieu"!
Il y a des jours où je ne parviens pas à faire preuve d’indulgence. J’ai beau vouloir mettre de la légèreté dans certaines choses de mon quotidien, face aux comportements d’autrui des plus irritables mais aussi face à mon interprétation, le naturel reste en veille. Prêt à contre attaquer en cas de foudres trop intenses.
Horis quelques pensées grisâtres, tout avait pourtant bien commencé. Levée avant l’aube ; objectif principal atteint ; intervention avec une énième nouvelle auxiliaire : super ; présentation avec celle qui vient demain : pas trop mal – même si l’appréhension est toujours là ! Chaque moment présent résonne suffisamment de manière positive pour me mettre en joie. Qu’on se le dise, je me dope – ou du moins, j’essaie ! - au « petit traité de vie intérieur » de Frédéric Lenoir.
Monsieur Abdel m’emmène à mon cours de danse. De nos rares trajets, j’ai appris à le connaître, à faire avec. S’il comprenait quatre mots sur dix ; je parviens dorénavant à lui en faire détecter peut-être. . . Quatre sur vingt. Ici, l'élément phare de la communication, c’est l’humour. Je le suis. Il aime ça. J’apprécie l’instant où même si nos avis divergent, je ne cherche pas le contre dire. Parfois, il faut juste savoir économiser ses forces. Indépendamment de ma volonté comme de la sienne – feuIlle de route obligée -, je suis super en retard mais tâche de rester sur les airs désinvoltes.
Je retrouve enfin le petit groupe et me greffe à la conversation. Ca fait longtemps ! Suffisamment pour qu’une lueur « d’émotions » enraye le peu de fluidité dans ma voix et déteigne sur mon corps. Celui qui ces temps-ci sans trop savoir pourquoi, s’agite d’avantage – fatigue, stress, douleurs, ou encore positive ’attitude, changement de temps, facteurs environnementaux ?
Echauffement, ça bouge dans tous les sens ! Comme à son habitude, notre prof fait le tour de chacun, et vient m’apporter un peu de stabilité. A son contact, il semble se calmer et je parviens à donner souffle à mes mouvements. Tandis qu’à côté, les deux dames (valides) commentent l'énergie déployée. Avec tout mon respect, j’aurais juste besoin qu’elles se taisent mais un magnifique pouce en l’air – tel est le « maître geste » d’une d’entre elles – achèvera leur discours. Je me concentre alors pour reproduire seule l’enchainement mais en vain. Cette fois, je serais mieux à virevolter dans l’espace.
Puis vient l'heure du travail en binôme où je prie à l’annonce de la formation des duos. . . Les consignes sont données mais me sont répétées deux fois par ma partenaire qui n’est autre que la gérante de la salle. Elle ne peut s’empêcher de parler et d’expliquer avec un sourire XXL, tous ses pas pour les imbriquer aux « miens ». Mais l’expression corporelle, ce n’est pas çà ! ? J’imagine en plein cours d’improvisation théâtrale : « Je te dis çà et toi, tu me réponds ci... Mais non pas comme ci ! COMME CA ! » Puisque c’est ainsi : dialoguons ! Toujours très tendue, j’en profite pour lui faire part du sentiment d’infantilisation qu’elle me « chantonne » depuis le début. Elle m’écoute mais me coupe la parole à peine la phrase bouclée – pour une fois, ce que n’est pas moi. Je renchéris et sans trop d’enthousiasme de mon côté, nous terminons la création et le cours…
" Mon chauffeur viendra me chercher d’ici quarante cinq minutes... » Qu’est-ce que je n’ai pas prononcé là ? Les yeux écarquillés, l’autre gérant semble paniquer et se demande ce qu’il va faire de moi, tandis que le reste du groupe s’en va. Malheur, un handicapé sous le coude. « Félicie se gère ! » Rattrape l’enseignante. Espérons que ma liberté puisse se résumer entre l’entrée et le parking. Je crains le pire.
Sous mon gilet que je n’ai pas pris la peine d’enlever ou de faire enlever, il fait au moins 40°. Je bous. A l’abri des regards surveillants, j'arrive à m’éclipser dehors et passe un coup de fil. Ce qui ne va techniquement pas contribuer à mon refroidissement. « Tu n’as pas froid ? » S’inquiète le patron à plusieurs reprises. « Il fait froid, il faut rentrer ! » L’ai-je empêché de fermer sa porte ? Et puis, je ne savais pas que j’avais signé un contrat chez « Daddy ». Il me crispe. Pourtant, tout comme sa femme, il n’est pas méchant.
Ayant repris un peu d’oxygène, je décide d’aller la voir pour m’excuser pour la façon un peu abrupte de dire les choses mais il fallait que ça sorte. Cela ne remet pas en cause la reconnaissance que j’ai à leur égard de nous louer, de nous prêter – que sais-je moi ? - de si beaux lieux aux normes. Une réalité que la propriétaire n’hésitera pas de souligner à son tour. Il est temps d’arrêter de verbaliser le fond de ma pensée mais je lui précise juste que si la crève me gagne, c’est mon problème. Les larmes au bord des yeux, elle répète à sa fille qui a tout à fait compris, ce que je viens de dire. Je n’ai pas fait psycho mais je saisis que c’est une grande sensible qui a constamment besoin de se rassurer à travers ses paroles maladroites. Cette dame me considère telle son aînée et ne veut pas que j’attrape mal – oh ce n’est pas vrai ! Elle me confirme cependant avoir très bien entendu mon discours ainsi que son mari se trouvant juste derrière moi. Ils me traitent comme tout le monde, sinon, la patronne ne danserait pas avec nous. « Repartons alors sur un nouveau départ... » Conclut-on.
Pour finir, je me mets juste à l’entrée au raz du mur afin de faire taire toute nouvelle confrontation et de ne pas gêner l’arrivée de l’autre cours. Prestigieux ? Une sportive fait apparition, j’en déduis que c’est une professeure. Elle leur porte la bise quand l’actrice principale du jour lui dit : « Désolée, la jeune. . . Femme attend son taxi. J’espère que ça ne te dérangera pas. .. » Je me tais, je me tais ! Jette un œil sur mon portable. Voiceover s’excite : « 17H34. Ecran verrouillé. 17H35. » « Ah oui c’est l’heure que t’écoute ! » S’interrompt-elle en tournant futilement la tête !
Dieu soit loué, le prestataire est là plus tôt que prévu. Je lui demande de me déposer près de la fac. « Pas de souci ! » me répond-il. J’ai juste trois bons degrés à perdre. Il s’en fiche. Merci la liberté !