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Association Génération Danse: dans l'air du temps!
Super école de danse dont le maître mot est de rallier toutes les générations, cadencées à tous les rythmes possibles et inimaginables. C’est ainsi qu’ont commencés à naître les cours handidanse. D’abord, dans l’agglomération un peu lointaine de Tours – ça faisait un peu chèros la course de taxi "privé". Puis, un peu plus près mais toujours trop loin à mon goût. J’ai roulé trois mois, je n'ai pas le courage de renouveler cette aventure où j’avais l’impression de passer plus de temps dans ce minibus à multiplier les ramassages « scolaire », qu’à apprendre mes nouveaux pas.
Petite paranthèse, depuis la loi 2005 sur le handicap, il y a dans chaque grande ville, un service de transport à la demande. Au prix d'un tiket de bus, la réservation doit se faire 48 H à l'avance (c'est un peu le point noir de ce système mais ça rend quand même bien service).
L’association Génération danse aussi méritante que battante a enfin obtenu gain de cause ! Un beau jour de mai, elle réussie à ouvrir ses portes dans un gymnase en plein cœur de la ville, de ma ville . . . Un confort ? Une aubaine ! Je saute dans les starting block. Étonnement, il me faut réapprendre à conjuguer avec la différence, celui du handicap des uns et des autres qui n’est pas seulement moteur. Ici, c’est à moi d’accepter ! Ici, je dois m’efforcer à intégrer un groupe aussi divers que varié – j’ai l’impression de revivre Boulogne, mon Boubou. . .
La grande Emilie m’attendrie: seule dans son monde, c’est à « nous » de la faire rentrer dans la danse, celle qui nous est inculquée. Elle en a marre et repart dans son coin, c’est certainement trop d’attention. Le cœur serrée, je me donne la permission d’aller lui tendre la main pour qu’elle se relève sur les airs de Yannick Noah. Son visage semble s’illuminer et Emilie retourne dans sa tour d’ivoire musicale.
De sa distance pédagogue, l’art thérapeute est rapidement à l’aise – aucun chichi de communication. Elle laisse l’expression s’émanciper au gré des possibilités de chacun, tout en gardant l’articulation du chemin à danser... .
C’est l’été ! Une belle occasion de célébrer les petits rats de l’opéra ! « Génération danse » présente son énième année de travaux. . En pleine ascension sociale version pente douce, je décide de me rendre au spectacle. Après m’être suffisamment tâtée pour inscrire la sortie sur « OVS » (article à venir), je propose à une copine de m’accompagner.
Ce soir-là, tandis que je me dirige vers le portail de ma résidence, le chauffeur qui a fait retentir mon portable deux fois en moins de cinq minutes – sait-on jamais si j’oubliais ma sortie ? - est déjà au téléphone avec la secrétaire du service de transport, s’inquiétant de ne pas me voir arriver. Sur sa feuille de route, j’aurais dû être là cinq minutes plus tôt ; sur le mail de confirmation qui m’a été envoyé, je devais être là cinq minutes plus tard – est-ce cela, la fameuse tranche des dix minutes à respecter ? On vous donne un horaire, vous devez être là cinq minutes plus tôt au risque de partir dix minutes plus tard... Ici, il n’était question qu’une poignée de secondes. « Vous êtes impatient vous ! » Lui lance-je avant même d’écouter sa version des faits et de rouler des yeux.
Avec ma copine, nous continuons notre conversation entamée quelques instants auparavant, il s’invite, je me retire peu à peu. De toutes façons, placée à l’arrière du véhicule et avec le brouhaha de la route, je demeure totalement inaudible. Je n’ai plus qu’à converser avec mon brave toutou, Babou qui assit sur la banquette se trouvant à mes pieds, piétine à toutes les petites secousses et lève l’oreille jusqu’au plafond, à chaque son aigu que je prononce rien pour lui – il est trop mignon ! Lui aussi, apprend à danser, vous savez . . .
Nous voici débarquées à bon port ! Le prestataire déroule sa rampe aussi raide que courte, puis pose ses mains sur mon fauteuil électrique de 160kg, juste histoire de rassurer la descente ! C’est alors que commence entre nous, un dialogue de sourd. A peine ai-je le temps de saisir convenablement mon joystick et démarrer tranquillement, qu’il débite : «Doucement, toute petite vitesse, doucement. . . » J’ai littéralement horreur de ce type « d’exercice » où je dois cibler ma motricité la plus habile à viser juste et droit dans un périmètre que je sais restreint. Ca me stress ! Plus, il insuffle son allocution lancinante au dessus de mon épaule, plus ma précision des plus concentrées perd pied – moi aussi, j’éviterais bien l’accident. Et encore, la rampe n’est pas très haute mais lorsque le cas se présente, je ne vous raconte pas la frousse. Bien sûr, il est hors de question que je lui passe les commandes. . . . Et voilà, achevant ma trajectoire légèrement en queue de poisson, je suis descendue, comme toujours. . . « Doucement, doucement », continu le monsieur, visiblement pas prêt à me lâcher la grappe de sitôt. Je perds mon calme contracté durant la manœuvre et m’embarque dans l’argument le plus juste et espérons le plus court ! J’étais seulement à la vitesse au-dessus de la première qui dans des cas tel que celui d’une rampe à monter/descendre ne peut avancer, ma « Rolls » est extrêmement sensible et les saccades de mon corps n’arrangent rien ! « Oui mais c’est justement pour cela que vous devez aller doucement, regardez vous avez dérapé... je suis responsable de mon véhicule ! » - et moi, de mon fauteuil ! A t-il seulement saisi ce que je viens de lui expliqué ? (je suis une mule.) C’est bon ? Bonne soirée... .
Enfin, je me lift (surélève mon siège) pour me donner toutes les chances de croiser des attitudes normales à mon égard – parfois ça marche, d’autres fois, ça continue juste de rouler. Alors que nous entrons tout juste dans le hall d’accueil, une bénévole de l’association que j’ai vu une fois et avec qui j’ai échangé de brefs mails – la communication écrite est toujours l’espoir supplémentaire de vendre ma crédibilité aux yeux d’autrui – , se précipite vers moi, me tendant sur le front et du bout de ses lèvres, un baiser « volé » que je ne peux même pas lui rendre de manière socialement plus raisonnable. Elle semble ravie de me voir ! S'empresse vers la caisse pour me ramener une enveloppe fermée où mon prénom est soigneusement écrit . Une nouvelle fois, à peine ai-je le temps de retourner celle-ci et de commencer tant bien que mal à l’ouvrir que notre « amie » m’exclame « attends, attends, donne-moi ton enveloppe, donne-moi, j’te dis ! » Tandis que je souhaitais la garder et la découvrir au pire, avec ma copine vers qui, elle se tourne aussitôt : « Vous êtes avec elle ? Vous l’accompagner ? Suivez-moi, je vais vous montrer où vous installer. . . » - je connais bien la salle mais c’en est fini pour moi... . Cette dame certainement au grand traque, a juste voulu bien faire en se montrant tendre et serviable. Je me dois de l’accepter, ou du moins, le comprendre !
Et je redescends sur terre, laissant la libre vue aux spectateurs de derrière – pour une fois que c’est le contraire... . Dés les premières touches chorégraphiée, la musique, l’émotion m’envahissent et transpercent mes muscles qui reprennent leurs saccades de plus belles. Je me sens bien. Je me sens vivre. Toutes mes mémoires s’articulent autour de ces tableaux dans l’air du temps.. . « Et si nos mondes n’en faisaient qu’un.. . »
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