Funam'bulle.
Vêtu d’une mousseline blanche,
Il s’élance comme sur du cristal.
Chaque pas si précieux le fait frémir
De la moindre sonorité, d’une pensée flottante
Qui déséquilibrerait toute variation de mouvements.
Cadencée par un fil, il est tenu d’une extrémité à l’autre.
Il s’arrête et soupir, il y est !
Les petits doigts suspendus
Délient délicatement la ficelle
Du corps qui oscille encore un peu.
A la démesure de ses genoux
Qui fléchissent lentement
Avant d’y atteindre la terre ferme.
En tailleur, sa respiration s’apaise ;
Il pose ses mains sur le sol.
Quand il croit toucher un livre ouvert,
Seules trois feuilles ont visiblement volés,
Comme ça, certainement par hasard .
Du bout des ongles, il les saisit :
« Histoire d’hommes » de Xavier Duringer.
Ca commence par une déclaration d’amour.
Ça fini par une désillusion, la sortie d’un rêve,
En frôlant de célestes notes fantasmatiques
« Mon Dieu ! Si elle savait ça.. . Elle serait folle ! »
Une, deux, trois fois, il les lit tête baissée.
Absorbé par la subtilité du passage
Dont l’écriture est à la fois si fluide,
Il lève au loin le regard embrumé.
Peut-être doit-il aussi être entendu ?
Ii observe autour de lui, personne.
Seule son ombre subsiste à éveiller ses espoirs.
Hésitant, Il commence à murmurer les quelques brides;
Puis se lie avec les accords qui s’harmonisent
Au fil de la profondeur du soliloque,
Toujours tendre, rarement cru, parfois « à point »
Tout devient limpide et les airs de liberté sifflent :
« Le temps d’un battement de cil pour lui, c’est une vie pour moi. »
Sur ces larmes, il referme les yeux et recouvre le parfum poivré de sa naissance. . .
Félicie Gatinet-Pénau, le 28/04/2016
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